Au cours des dernières décennies, l’industrie viticole subit les effets des changements climatiques, de même que les pressions des consommateurs et des gouvernements pour diminuer son empreinte écologique. La durabilité est devenue un mot d’ordre, non seulement pour les amateurs de vin, mais aussi pour les producteurs et les acteurs de cette industrie millénaire. Comment l’industrie viticole évolue-t-elle vers la durabilité? Voici quelques pistes pour comprendre les changements en cours.
Les défis environnementaux de l’industrie viticole
Les répercussions des changements climatiques
Les changements climatiques – que certains appellent plus justement les dérèglements climatiques – constituent l’une des principales préoccupations de l’industrie viticole. Les variations de température, les phénomènes météorologiques extrêmes et les saisons de croissance imprévisibles ont un impact direct sur la qualité des raisins mais aussi les récoltes et les revenus.
La gestion de l’eau
La gestion de l’eau est un autre défi majeur auquel l’industrie viticole est confrontée. La viticulture nécessite une quantité importante d’eau, et les régions viticoles sont souvent sujettes à la sécheresse. À certains endroits, l’irrigation n’est pas permise, mais de plus en plus on voit des dérogations être obtenus par des vignobles qui n’ont d’autres choix que d’innover pour pouvoir poursuivre la culture de la vigne. Les vignerons doivent donc mettre en place des systèmes efficaces de gestion de l’eau pour minimiser leur empreinte hydrique.
Exemples de pratiques durables dans les vignobles
Viticulture biologique et biodynamique
Pour faire face aux défis environnementaux, de plus en plus de viticulteurs se tournent vers des pratiques de viticulture biologique et biodynamique. Ces méthodes mettent l’accent sur l’utilisation minimale de produits chimiques, favorisent la biodiversité et préservent la santé des sols. Surtout, en brisant la dépendance aux produits chimiques, les viticulteurs rapprennent à prendre soin des sols. Or, abandonner les produits de phythosynthèse n’est pas sans risque et, pour certaines régions, la viticulture est impensable sans ces béquilles.
Énergie renouvelable
L’adoption de sources d’énergie renouvelable est une autre étape cruciale vers la durabilité que plusieurs domaines mettent en place. De nombreux vignobles investissent dans des panneaux solaires et des éoliennes pour alimenter leurs opérations tout en réduisant leur empreinte carbone.
L’évolution des attentes des consommateurs
Les consommateurs de vin sont de plus en plus conscients de l’importance de la durabilité. Ils recherchent des vins produits de manière responsable, avec transparence quant aux pratiques de la cave. Les certifications écologiques gagnent en importance sur les étiquettes de vin. Ces dernières assurent aux consommateurs qu’un cahier de charges a été respecté.
Les matières premières
Après les raisins, le verre est la principale matière première utilisée pour le vin, puisque ce dernier a besoin d’un contenant. Les alternatives sont encore peu répandues, mais les viniers et les canettes en aluminium en sont un exemple. De plus en plus on retrouve des vins de qualité en boîte, comme les vins de Brigitte Jeanjean ou Alain Brumont. Les bouteilles de plastiques font aussi leur entrée sur le marché, de même que le verre léger, qui ont l’avantage de réduire l’empreinte écologique dû au poids des bouteilles.
L’impact économique de la durabilité
La durabilité ne profite pas seulement à l’environnement, elle a également un impact positif sur l’économie de l’industrie viticole, dans bien des cas. Les pratiques durables peuvent réduire les coûts de production, améliorer la qualité du vin et ouvrir de nouveaux marchés pour les producteurs. Toutefois, perdre une récolte à cause d’une maladie cryptogammique comme le mildiou peut faire très mal à une entreprise. Il y a donc de multiples risques à considérer pour les producteurs qui parfois choisissent de ne certifier que les parcelles les moins sujettes aux maladies.
Les certifications
Voici quelques-unes des certifications les plus reconnues dans le domaine :
Agriculture biologique (AB). La certification AB est l’une des plus courantes dans l’industrie viticole. Les producteurs certifiés AB s’engagent à ne pas utiliser de produits chimiques synthétiques, d’herbicides ni d’insecticides. Ils favorisent également la biodiversité dans leurs vignobles.
Biodynamie. La certification biodynamique va au-delà de l’agriculture biologique en incorporant des pratiques que certains considèrent ésotériques, mais qui sont pourtant issues de plusieurs siècles d’observation. Les producteurs biodynamiques suivent entre autres un calendrier lunaire pour leurs opérations et utilisent des préparations spéciales à base de plantes pour nourrir les sols.
Certification Demeter. Il s’agit de la certification biodynamique la plus reconnue au niveau mondial. Les producteurs certifiés Demeter sont tenus de suivre des pratiques biodynamiques strictes, ce qui garantit une approche holistique de la viticulture.
HVE (Haute Valeur Environnementale). En France, la certification HVE est de plus en plus populaire. Elle se concentre sur la réduction de l’impact environnemental global de la viticulture, en prenant en compte la biodiversité, la gestion de l’eau et la protection des sols.
Vins naturels. Bien qu’il n’y ait pas de certification standardisée pour les vins naturels, de nombreux producteurs adhèrent à des principes stricts. Les vins naturels sont élaborés sans additifs chimiques, ni sulfites ajoutés. Ils sont le plus souvent issus de raisins biologiques ou biodynamiques et favorisent les levures indigènes. Ces vins sont aussi plus sensibles aux défauts et demandent un savoir-faire minutieux et des pratiques irréprochables.
Fair for Life. Cette certification met l’accent sur la durabilité sociale. Elle garantit que les travailleurs des vignobles sont traités équitablement et que les conditions de travail sont satisfaisantes.
Certification ISO 14001. Cette norme internationale concerne la gestion environnementale. Les producteurs qui obtiennent cette certification ont mis en place des systèmes de gestion environnementale efficaces pour réduire leur impact sur la planète.
Ces certifications offrent aux consommateurs une assurance quant à la qualité écologique et éthique des vins qu’ils achètent. Elles permettent également aux producteurs de montrer leur engagement envers la durabilité, ce qui est de plus en plus important dans un marché du vin de plus en plus axé sur la responsabilité environnementale. Toutefois, elles ne sont pas un gage automatique de qualité. Certains producteurs qui choisissent de ne pas se munir d’un label peuvent quand même avoir des pratiques environnementales exemplaires, d’où l’importance de s’informer sur la provenance des vins et sur la philosophie de la maison.
L’industrie viticole évolue rapidement vers la durabilité pour faire face aux défis environnementaux, répondre aux attentes des consommateurs et améliorer son impact économique. Les viticulteurs qui embrassent ces changements contribuent non seulement à la préservation de la planète, mais aussi à la pérennité de leur propre entreprise. De plus en plus, la durabilité est la clé de l’avenir de l’industrie viticole.
Pour en savoir plus, vous pouvez assister à la conférence « Goûter aux changements climatiques » qui se tiendra les 22 et 23 janvier 2024 à Montréal. Vous pouvez aussi en apprendre plus en lisant Quel vin pour demain? Le vin face aux défis climatiques, de Michelle Bouffard, Jérémy Cukierman et Hervé Quénol (2021).